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Neuropsychologie des apprentissages pour l’intervention en ski alpin, à l'usage des moniteurs et des entraîneurs, des enseignants, des parents...

 

Introduction

 

Rédaction provisoire de juillet 2014.

 

Introduction

Il ne suffit pas de désirer transmettre ses connaissances pour être utile à celui qui désire apprendre. L’expert d’une discipline sportive, d’un champ scientifique, le peintre, le musicien de renom… qui se lance dans cette entreprise, constatera rapidement, si le public auquel il s’adresse n’est pas captif, une désaffection de la fréquentation de leurs cours, si le contenu de ceux-ci ne satisfait pas les désirs des apprentis volontaires [1].

L’Humain n’est pas une machine à apprendre. Chaque apprenant est avant tout un organisme vivant, qui a hérité des systèmes physiologiques qui se sont sélectionnés au cours de l’évolution de son espèce, parce qu’ils favorisent sa survie et celle de son espèce en orientant son activité pour satisfaire ses contingences physiologiques. Ces systèmes font que la plupart de nos décisions sont inconscientes pour gagner du temps. Celles qui sont conscientes sont souvent orientées par des “raisonnements” inconscients, aussi pour gagner du temps. Car notre survie est sous-tendue par des temps de réaction très brefs, que ne permettent pas les raisonnements conscients de “fonctionnements” conscients. Parmi ces systèmes, le crucial système des émotions, qui oriente nos actes en transformant en désir chaque besoin physiologique et sa satisfaction en plaisir. C’est pendant cette activité consacrée à la satisfaction de ses besoins [2], que les savoirs, les savoir-faire et les savoir-être d'un individu se constituent, le plus souvent à son insu. La perception des comportements d’autrui les influence, tandis nous les influençons en retour ceux de l’autre. Ils s’élaborent aussi quand nous interagissons avec le monde physique dans lequel nous sommes fortuitement insérés, quand nous le transformons…

De ces expérimentations émerge une rationalité intersubjective implicite avec laquelle le cerveau de l'organisme simule les conséquences d'actes mémorisés pour anticiper leurs résultats. Il guide ainsi l’activité de l'individu en vue de ressentir du plaisir et d’éviter les déconvenues et la douleur. L’apprenant n’est donc pas cet individu statistique, asexué et atone, cette éponge a priori attentive à qui il suffit de transmettre des concepts académiques pour qu’il acquière une logique universaliste prévisible, conforme à celle qu’un enseignant certifié par une institution éducative lui impose.

L’action éducative efficiente ne consiste-t-elle pas plutôt à partir des désirs de l'apprenti, parce qu’ils mobilisent ses ressources attentionnelles motrices et cognitives, afin de faciliter l’objectivation de ses savoirs implicites - son déjà là expérientiel - en créant des situations éducatives au cours desquelles l’enseignant les met en tension, au cours de discussions avec d'autres individus ayant des conceptions différentes et avec des connaissances technologiques et scientifiques validées par des procédures expérimentales reconnues par une collectivité de chercheurs.

C’est pour tenter de proposer un mode d’intervention plus efficient que nous avons confronté ce qu'écrivent actuellement des neurologues et des physiologistes qui se réfèrent à la phénoménologie de la perception et de l'action, avec les conceptions développées par des découvreurs d'une psychologie interactionnelle entre l'individu et ses environnements naturel et culturel, des pédagogues des méthodes d'éducation active du courant de l'École Nouvelle, des biologistes généticiens et des ergonomes, pour tenter de rendre intelligibles les conceptions qui incitent à le transformer. Le modèle neuropsychologique de l'activité humaine que nous proposons dans les chapitres en lien avec cette introduction est un outil facilitant la compréhension des causalités qui naissent dès que nous essayons d'apprendre ou de faciliter les apprentissages d'autrui.

1 Si l'école n'était pas obligatoire, beaucoup d'élèves feraient ce que font les jeunes athlètes des clubs sportifs dès qu'il sont en âge de peser sur les décisions de leurs parents, l'école buissonnière.

2 Un besoin est un désir médiatisé par la culture.